OCTOBER 11, 2014

Cher Monsieur Mileikowsky,
Cher Gil,
Cher David,

Je tenais beaucoup à être présente à l'enterrement. L'émotion fut telle que les larmes ne tardèrent pas à me monter aux yeux...des flashs de souvenirs incontrôlables surgirent sans crier gare et se bousculèrent en vrac pour venir heurter mon passé et narguer mon présent. En ce moment précis où je vous adresse ces mots, l'émotion est grande et toujours actuelle. Les souvenirs, vestiges du vécu et du ressenti, pont qui relie le passé lointain à son présent, m'assaillent et ce sont des bribes, des flashs de souvenirs si réels et si précis que ma mémoire refuse de les situer dans le temps. Y a-t-il un mois ? un an, cinq ans ? me demanderez-vous.  "Oui, oui , c'était il y a deux ans maximum" M'empresserais-je de vous répondre, avec affirmation, convaincue de ma bonne foi... sans  doute vrai dans ma réalité, mon cœur, mon désir ardent.. et pourtant... Le temps qui passe, à mon insu, me dépasse et je n'ose me retourner pour mesurer l'espace qui me sépare de ces nombreuses années dorées qui furent celles de Ruthi que j'ai connue...Majestueuse et intemporelle.

Ruthi me disait toujours avec un sourire qui fredonnait et une intonation dans la voix qui illuminait et qui n'avait pas sa pareille :"Ma chérie, ma chérie". Je l'entends, là, encore maintenant... "Ma chérie, ma chérie" me disait-elle de manière inimitable. Je disais toujours à maman : "je l'adore". Et nous ne tarissions pas d'éloges à son égard. 

Chaque fois qu'on se voyait, Ruthi me donnait d'elle, me prodiguait une bonté, de l'amour et une chaleur incandescente. Quelque chose en elle irradiait, me rassurait. Était-ce sa force, son aura qu'elle laissait sur son passage ou encore cette énergie qui lui était propre?  Elle était beaucoup à la fois :  la classe, l'élégance, la grâce, l'aisance, la beauté et l'intelligence, la noblesse et pas que de cœur, la finesse mais pas que d'esprit, la douceur et la volonté, la distinction, la grandeur, le charisme. Mais il y avait aussi et surtout, quelque chose d'autre, je ne sais pas vraiment expliquer...quelque chose d'indéfinissable et qui lui donnait une autre dimension.

Très chère famille Mileikowsky, sachez que les souvenirs que je garde de votre épouse et mère tant aimée, sont à jamais gravés en moi.  Je sais votre douleur et chagrin immenses, je sais aussi que les mots ne vous ramèneront pas Ruthi. Néanmoins, tant qu'il y aura le souvenir, elle vivra,  à travers vous, à travers tous ceux qui l'ont aimée. Par et pour la mémoire. 

Qu'elle repose en paix. 
Che lo tidou od tsar.

Brigitte Goldstein